P’tit Claude : « Ce jour-là, je me suis mis à chialer »
Connu de tous, « P’tit Claude » est le responsable incontesté de la buvette d’Andelnans depuis plusieurs années. Derrière son caractère bougon se cache un grand affectif et passionné qui se consacre à son club de cœur avec parfois de belles émotions.
Je suis arrivé avant 1981 à l’ASMA. J’ai toujours eu la passion pour le foot même si je n’ai jamais été joueur car je ne pouvais pas à cause de mes “pattes”. En fait, je suis venu au monde les pieds comme ça (ndlr: il mime deux mains qui se touchent). Ils étaient collés ensemble comme les siamois. J’ai passé six mois à Paris à cause de ça.
Une passion familiale ? Non, mon père regardait le foot à la télé mais il n’était pas footballeur. Mon frangin aimait le foot mais sans plus. Quand j’étais gosse, on jouait avec les copains sur le terrain militaire à Meroux où j’ai grandi. Je venais voir les matchs de temps en temps et, un beau jour, ils ont voulu faire le terrain honneur d’Andelnans (celui du fond). Ils avaient amené de la terre et ôté les cailloux avec les parents Peterschmitt. Puis le père Faudot m’a demandé de le semer en herbe car il savait que mes parents avaient un tracteur. C’était au début des années 80. A l’époque, il y avait Jean Faudot et sa femme Denise, Rémi Besançon, Michel Brion et sa femme Nicole… Il y a eu aussi après Marc Derrien, mon cousin Jean-Paul Oeuvrard, Guy Brouet, Pierre Da-Col, …
À partir de là, je suis toujours resté au club, excepté deux ans à Chèvremont quand un éducateur, Daniel Courtot (aujourd’hui décédé), s’était fâché avec tout le monde. Mais le père Faudot est venu me voir et m’a dit : “Allez tu nous emmerdes, reviens !”. J’avais arrêté de picoler à ce moment-là. Car, quand je suis arrivé, je picolais encore le week-end. J’ai arrêté exactement le 17 février 1981. Pour te dire, une fois à Suarce, on avait gagné 12-1 et, avec Jean Faudot et le père au “Dédé” Da-Col, on a enchaîné douze tournées de rouge !
Quelle fonction occupais-tu ?
Au départ, je venais comme simple visiteur pour voir les matchs. J’étais client de la buvette mais pas encore dirigeant. Je travaillais à Peugeot (où je suis resté 36 ans) et je m’occupais de la “culture” de mes parents (qui avaient des bovins) encore à côté donc ce n’était pas toujours évident. D’autant que j’ai perdu mon père en 1993 et ma mère était souvent malade. J’ai pris ensuite ma retraite en 2003.
J’ai d’abord donné un coup de main à Rémi qui s’occupait de la buvette après les entraînements. Puis en 2009, l’année où j’ai été opéré de la hanche, j’ai repris la main. J’avais remarqué que tout le monde n’était pas honnête avec lui. Rémi ne marquait pas tout sur une feuille comme moi. Donc j’ai remis un peu de sérieux dans tout ça. Cédric Marchetti m’a proposé de mettre en place les “comptes” pour chaque joueur et c’est finalement resté.
Comment as-tu vécu la fusion avec le FC Danjoutin en 1995 qui a donné l’Asdam ?
C’était une bonne chose car il y avait de moins en moins de bénévoles. Les deux présidents, Jean Faudot et Léon Lavocat, ont œuvré pour cela. Même si certains n’admettaient pas cette décision. Et ne l’admettent toujours pas aujourd’hui ! Alors que sans la fusion, il n’y aurait plus de club aujourd’hui. Aussi bien ici que là-bas (Danjoutin). Il y avait pas mal d’anciens aussi à Danjoutin : le père Lavocat donc, Alain Chevallier (le père à Dodo), Roger Cordier dit “Garonnaire” comme le surnommait Bernard Pattarozzi en référence au fameux recruteur de l’AS Saint-Étienne, Gilles Mourcely, Pierrot Colin… Tous étaient pour la fusion. L’ASMA était d’ailleurs elle-même issue de la fusion entre l’Étoile sportive d’Andelnans et l’AS Meroux.
Plus jeune, suivais-tu une équipe en particulier à la télé ?
Chez moi, nous avons eu la télé (en noir en blanc) assez tard car on était une famille modeste. Quand je regardais le foot, les parents voulaient voir autre chose donc c’était un peu embêtant (sourire). Il m’arrivait ainsi de prendre la mobylette pour aller jusqu’à Brebotte chez mon oncle qui était fanatique de foot.
Mais oui, dans le temps, j’aimais bien Saint-Étienne avec Herbin (un très bon entraîneur), Ivan Ćurković (qui jouait au but), Piazza, les frères Revelli… jusqu’à que ce soit la pagaille. Après, j’ai davantage suivi Lyon notamment à l’époque de celui qui tirait bien les coups-francs… comment il s’appelait déjà ? Juninho ! Lui, c’était quelqu’un. J’aimais bien aussi le défenseur Cris et tous les autres même si les noms m’échappent. Je les supporte encore un peu aujourd’hui même si je ne suis pas aussi fanatique que les Varin pour Paris.
Y-a-t-il un joueur qui t’as marqué plus que les autres ?
J’ai toujours bien aimé Zidane. Depuis qu’il jouait à Bordeaux, je l’ai suivi. Il y aussi celui qui jouait à Lyon et qui est parti au Real… Benzema ! Je les aimais bien ces deux-là. Même si Zidane, c’était une sacrée tête de con. En Coupe (nldr: du monde 2006), quand il a mis le coup de boule… (il ne finit pas sa phrase). Pour la finale de 2018, j’étais au Caréo où ils ont diffusé le match.
En dehors du foot, as-tu d’autres occupations ?
Avec Michel Brion, je faisais partie avant de l’association Souvenir et Amitié de Meroux-Moval qui participe aux commémorations et propose des reconstitutions de la guerre. Mais j’ai arrêté. J’aurai pu aussi m’investir au conseil municipal mais je ne pouvais tout faire. Par contre, je suis responsable de la location de la salle d’Andelnans. Car les infrastructures actuelles, il faut rappeler qu’on les doit aux bénévoles. En 1988, Marc Derrien, Rémi Besançon, Joël Da-Col, Ghislain Auzières, Michel Brion avaient monté tout le club house. Gilbert Salvi, Guy Leparis et Gérard Martini ont eux réalisé la tribune qui était au fond avant qu’elle soit retirée. Personnellement, j’ai beaucoup aimé travailler avec Gigi et Aurore.
As-tu un souvenir au club plus marquant que les autres ?
(Instantanément) La semaine de la finale de la coupe Jonte en 2014. Le lundi, on enterre ma mère. Le mercredi, Asdam-Beaucourt à Bonal. Le jeudi, on organise notre premier vide-grenier. Pour le match, je m’occupais de la buvette comme d’habitude. Les organisateurs n’avaient d’ailleurs pas voulu nous prêter une tireuse. Avec Paulette et Nicole, on avait dû ouvrir toutes les canettes pour les verser dans les gobelets… Mais ce dont je me souviens particulièrement, c’est lors de la première mi-temps, je m’approche de Pierre Cardot et lui demande : “Qu’est-ce qu’ils ont sur le bras, les joueurs ?”. Ils avaient respecté une minute de silence et portaient un brassard noir pour ma maman. Là, je me suis mis à chialer (ému). C’est pour te dire que je m’en rappelle ! Après le match, on est revenu à Andelnans pour manger des pizzas. Puis j’ai été me coucher. Le lendemain, lors du vide-grenier, une dame est venue me voir et m’a interrogé : “Qu’est-ce que vous faîtes là ?”. Elle m’a scié les pattes. Comme si je ne pouvais pas être là ! Ça n’allait pas la ramener. Je peux te dire que je m’en suis plaint auprès de son homme !
Pour finir, peux-tu nous avouer qui sont tes chouchous de la buvette ?
Ben ma foi, les Patta (ndlr : Lucas et Rémi Pattarozzi), Brandon, le petit Eloy, Max Hildenbrand (sur ma feuille, c’est d’ailleurs écrit “Max le Chouchou”), Pierre Lazare (qu’on ne voit plus beaucoup avec la copine…) et le Flo Mielle, même si on s’est pris la tête l’autre fois ! Car quand je dis quelque chose, je le dis en face. Ça ne me gêne pas même si je ferais mieux de me taire parfois (sic).